Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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pour faire consacrer à l'Église les liens indissolubles des pobratim .

La veille de saint pan les bergers tsernogortses ne sauraient manquer à allumer sur les hauteurs les feux de joie, car ces feux les Pantirent pour l'année, eux et leurs troupeaux, de toute espèce de maléfices. Chaque maison a son patron, dont la fête se célèbre avec tout l'éclat possible. Au repas, auquel sont conviés les parents et les amis, ne doit prendre place aueun des membres de la famille ‘. Ceux-ci, au contraire, tant à la cuisine qu'autour des invités, s'emploient complétement au service; leur tour ne vient que lorsque tout le monde est parfaitement rassasié. Selon l'usage, le centre de la table est occupé par un gros pain de seigle, dans lequel on plante un cierge bénit allumé, dont la flamme, du reste, ne doit servir à personne, soit pour allumer son tchibouk, soit pour tout autre office.

Anciennement ,: et peut-être même encore dans les villages éloignés, la fête du patron de la famille se par

sait autrement. La veille au soir, le plus jeune fils de

maison se rendait au nom de son père chezles amis à inviter, et, arrivé à la porte de ceux-ci, prononçail la formule accoutumée : « La maison de Dieu est à vous. Mon père vous salue et vous invite ce soir à boire un verre d’eau-de-vie. Nous discourrons pour raccourcir la nuit, et nous ne cacherons pas ce que le saint patron du starescina (chef de la maison) aura apporté. » Les amis se mettaient en route, sans autre formalité, et arrivés à l'habitation, salu aient ainsi leur hôte : « Bon-

1 Chez le prince seulement une dérogation est faite à cet usage, et encore c'est le personnage de sa famille le plus élevé après lui qui remplit l'office de servant auprès des convives.