Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE SEPTIÈME. 21
soir, heureux soit le retour de ta fête; puisses-tu la celébrer en santé et allégresse pendant de longues années. » Alors on buvait, on mangeait, on riait, et des bardes improvisés répandaient leur verve et leur imagination en de poétiques brindisi. Quelquefois aussi, hôte et convives, s'oubliant tout à fait dans leur commune allégresse, se retrouvaient, huit jours après, encore assis à la table où toutes les provisions de la maison étaient successivement venues s'abimer sans retour Aussi, pour mettre un terme à ces abus ruineux, Danilo I* n'hésita point à introduire dans son code de 1855 une loi spéciale, proscrivant les dépenses excessives occasionnées par les fètes de famille ‘.
Les processions si fréquentes auxquelles se rendent les Monténégrins, et qui ont pour objet, tantôt des pèlerinages, tantôt la bénédiction des récoltes ou celle des eaux, tantôt quelque solennité votive, sont aussi pieusement suivies par les hommes que par les femmes et les enfants. Les premiers se chargent même de porter les images et les statues des saints, tout en répétant de la façon la plus désordonnée des chants dont aucune cacophonie ne saurait donner une idée. La bénédiction des eaux en particulier ne se termine guère sans quelque rise plus ou moins violente; car l'habitude étant de garnir de botzas de vin et d’eau-de-vie la margelle des puits autour desquels s'arrête: le cortége pour l'accom-
1 Arr. 86. La seconde fête du patronde la famille et les présents qui sont d'usage en cette occasion sont probibés à l'avenir, car c'est ainsi que les familles se ruinent et qu’elles deviennent pauvres. Celui qui ne voudra pas obéir à cet ordre et continuera à suivre ces usages sera condamné à la prison ou à deux lalari d'amende. Il suffit, suivant notre coutume servienne, de sanctifier Ja sainte fête de la famille, en mémoire du baptême
de nos ancêtres. 13