Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE HUITIÈME. 271
s'étend au loin derrière l'habitation de Nicolas I#. Le palais de Tsettinjé, très-simple extérieurement, n’a de remarquable à l'intérieur que ses trois salons contigus, dont l'élégance contraste singulièrement avec la rudesse des gens qui souvent y sont accueillis. On y voit un grand portrait représentant dans une pose un peu théâtrale le feu prince Danilo, puis les portraits des empereurs et impératrices de Russie et d'Autriche, et ceux du vladika Pierre If, de Mirko Petrovitj et des deux princesses Darinka et Miléna : les trois derniers sont l'œuvre de Cermak. Au grand salon se trouve le samowar en argent massif offert au prince Nicolas par le Comité slave, lors du voyage de Son Altesse à Moscou, au mois de janvier 1869.
Le petit palais de Tsettinjé a, lui aussi, de temps en temps, ses fêtes et ses festins; mais ce ne sont ni les fêtes de la galanterie, ni les festins de Lucullus; et quand, dans les occasions solennelles, la grande salle à manger réunit les chefs conviés à s'asseoir à la table princière, on croirait, à l'aspect de ces fiers visages aux traits si accentués, à la vue de ces poitrines couvertes d'acier, assister à un repas de guerriers célébrant, au retour du champ de bataille, la victoire du jour, plutôt qu'à un pacifique gala donné peut-être simplement en l'honneur de quelque saint cher au pays.
Derrière le vieux palais de Pierre II se trouvent les écuries du prince, et un peu plus loin un grand bâtiment quadrangulaire, avec cour centrale, représente la prison. C'est depuis quelques années seulement que les Monténégrins, prévenus ou condamnés, sont soumis à une détention effective; encore celle-ci est-elle bien douce, si on la compare au système pénitentiaire des
différents pays de l'Europe.