Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
9272 IX MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.
Employé pendant je jour à quelques travaux insignifiants, le prisonnier monfénégrin rentre le soir dans sa cellule, où il trouve à peu près la même nourriture et le même lit qu'il avait dans sa maison. Bien qu’on ait prétendu que la peine de la détention fut introduite par le prince Danilo, nous verrons plus tard qu'elle existait très-anciennement dans le pays, mais n'y était appliquée que dans des cas réservés, et le plus souvent quand les condamnés se trouvaient dans l'incapacité de payer les amendes (globa) qu'ils avaient encourues. Il y à quelques années à peine, la prison de Tsettinjé consistait simplement en une maison qui, non-seulement n'avait ni grilles, ni portes, ni verrous, mais encore pas de sentinelles préposées à la garde des malfaiteurs. Et pourtant ce cachot à l'air libre gardait mieux ses prisonniers que n'importe quelle forteresse, et il suffisait pour obtenir ce résultat de dépouiller les condamnés de leurs armes. Comme un Monténégrin est déshonoré s’il se montre au dehors sans pistolets et sans yatagan, les prisonniers se gardaient bien de franchir le seuil de leur triste asile; s'ils s'échappaient dans les montagnes, ils élaient bien vite reconnus et ramenés ; s'ils réussissaient à gagner la frontière, ils s'en allaient chez les Turcs vivre en Uscoques, et débarrassaient de leur présence leur propre pays où personne ne désirait les retenir.
Il nous reste à dire un mot d'un monument qui, grâce à la légende dont il est entouré, est le sujet obligé des premières interrogations et des premières recherches des étrangers : c'est la fameuse tour, dite tour des Crànes, qui se dresse sur un monticule dominant le monastère, et directement derrière celui-ci.
Celle qui existe aujourd'hui fut relevée par le vladika