Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

282 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

passent dans de grandes cuves en pierre, où elles restent en saumure pendant {rois jours; puis on les retire pour les enfiler en longs chapelets, dont on garnit entièrement les cabanes de la pêcherie, où elles doivent être fumées. Pour cette dernière opération, on ferme exactement l'habitation, ne laissant d'accès qu’à l'air indispensable pour entretenir une lente combustion dans un grand foyer, dont la fumée, se répandant à l'intérieur, donne en deux ou trois jours au poisson toutes les qualités requises pour une longue conservation.

I ne sera pas sans intérêt de rapprocher du récit qui précède la description de la pêche des scoranze, telle qu'elle se pratiquait au temps où Bolizza visitait le sandjak de Scutari : nous laisserons à peu près la parole au noble Cattarain.

« Les espèces les plus variées de poissons d'eau douce abondent dans le lac, aussi bien qu'à Seutari et dans ses pêcheries. En outre, le lac a sur ses bords une innombrable quantité de ces arbres qui, tels que le peuplier et le saule, végètent au milieu même de l’eau. Dès le mois d'octobre, mais plus encore au printemps, ces arbres sont couverts d'une multitude d'oiseaux plongeurs, appelés en ture carabulach; et le nombre de ceux-ci est si grand, que celui qui ne les à pas vus ne pourrait le croire, et que celui qui en a été témoin ne saurait le décrire. Je dirai enfin que ces oiseaux £ervent d'instrument principal pour la pêche des scoranze, qui a lieu de la manière suivante :

« Du côté du mont appelé Bazagur s'élève, au milieu même des eaux du lac, une sorte de théâtre naturel entouré de très-grands arbres; son étendue est d'environ un mille carré. C’est là qu'au pied même de la monta-