Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE DIXIÈME. 297
C'est dans la triste enceinte du collége que nous retrouvons bientôt l'adolescent, encore tout bouillant des ardeurs de sa vie indépendante, et bien peu disposé à se plier au despotisme de la discipline, non moins qu'à la prépondérance d'aucun de ses compagnons de captivité scolastique. Distancé trop souvent sur les bancs de l'école, impatient ou abattu aux longues heures de l'étude, il retrouve sa gaieté et son énergie, et reprend sans peine le premier rang quand il faut soutenir une lutte, diriger un camp, ou se faire l'arbitre d'un différend. Mais cette existence contenue dans des bornes si étroites n’est qu'un supplice prolongé pour le jeune Tsernogortse ; comme l’écolier de Faust, il s’écrie à son tour : « Franchement, je voudrais être dehors ; ce lieu-ci ne me plaît guère ; je me trouve trop à l'étroit entre ces murailles ; je regreite la verdure de nos prés, les arbres de nos forêts. Attaché sur mon banc dans nos salles d'étude, la tête me tourne, et je ne sais plus ni voir, ni entendre, ni réfléchir. » Aussi, il raconte lui-même que, pendant les trop rares journées où il lui était permis de franchir l'enceinte de sa prison, ce n'était point à la poursuite des plaisirs de Paris qu'il se précipitait. Ce qu'il voulait alors, c'était quelques heures de liberté au grand soleil, au milieu des campagnes, loin du bruit et du tümulte de la grande capitale. Aussi il s’en allait au hasard sur les chemins les plus déserts, les yeux levés dans la direction de son pays, retrouvant dans un mystérieux horizon les crêtes de ses montagnes, si nettement tracées dans ses souvenirs, et aspirant avec une âpre volupté un air qui lui semblait avoir caressé en passant les rochers de la Tsernagore. Mais quel n'était
point aussi le bonheur de l’exilé quand revenait, à de YT,