Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
302 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.
d'Omer-Pacha, forte de trente mille hommes, battue sur la Piva par Louka Voukaloritj, pendant l'automne de 1861, dut se retirer devant l'impétuosité des révoltés, et attendre des renforts pour reprendre l'offensive. À la nouvelle de ce succès, l'enthousiasme des Monténégrins réclama à grands cris une coopération active au mouvement de l'Herzégovine, prêt à s'étendre à la Bosnie elle-même : jamais plus belle occasion ne s'était offerte aux Serbes de la presqu'île des Balkans pour reconquérir leur autonomie. Nicolas [*, que les sollicitations pressantes des grandes puissances poussaient à une modération outrée, craignit-il de manifester trop vite, au début de son règne, ces mêmes tendances belliqueuses reprochées si souvent aux Monténégrins, et d’indisposer peut-être à tout jamais des gouvernements protecteurs ou amis? Toujours est-il qu’il s'obstina malheureusement à observer une neutralité dont ni la Turquie, ni les puissances dont il suivait les conseils ne devaient lui tenir cowpte. Bien plus, sur la demande du corps consulaire de Scutari, le passage par la vallée des Biélopawitj fut accordé aux convois ottomans venant d’Albanie et destinés à ravitailler la forteresse de Niksitch bloquée et affamée par les insurgés.
On a prétendu que, malgré les graves incidents du soulèvement de l'Herzégovine, si propres à réveiller les haines des montagnards tsernogortses contre la Turquie, ceux-ci étaient alors restés étrangers à tout acte d'hostilité, et que le blocus des frontières de la principauté, déclaré par Omer-Pacha, sur l'injonction de la Sublime Porte, n'avait été qu'une mesure arbitraire, ne trouvant son excuse dans aucune provocation. Pour nous, qui avons vu le Monténégro dans des circonstances analo-