Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE ONZIÈME. 337
Triste, le cheval part; plus triste encore, le valet le conduit; de plus en plus loin hennit le cheval, à mesure que son conducteur l'emmène.
Ce cheval a appartenu au vieux bey, le père d'Al, celui qui fut tué à l'assaut de Bagdad.
Le cheval hennit encore; l'écho de son hennissement est renvoyé par la montagne; la mère d'Ali a peur que son fils ne l’entende.
D'une chambre à l’autre elle va, sans paix ni tranquillité, jusqu'à ce qu’au loin, dans la nuit, cesse la voix du bon cheval.
La vieille regrette le coursier et maudit le Lakésitch : « Pourquoi n’envoyais-tu pas Les *cartels alors que vivait Liubovitch. :
« Tu veux te relever aux dépens d'Ali, de mon enfant; mais à Bichina et partout il répondrait à ton défi.
« Tu as attaqué l’orphelin de l'héroïque Liuboviteh, et’ dans le nid des aigles que cherches-tu?.… Le jeune aiglon.
« Où sont mon bey et mes beaux-frères ; où sont mes fils si braves? Pour l'honneur de la Bosnie, tous ont vécu et sont morts.
« Ah! malheur sur tes fiançailles! Écoute, bey tyrannique, la justice me vengera; à ta ruine je survivrai. »
La nuit de novembre tout entière, le jeune Ali-Bey a dormi; et dans son rêve il n’a pas quitté sa fiancée.
Puis de son lit il s’est levé; l'aube n’est pas encore apparue, mais il fait allumer les torches , et pour le duel il se prépare.
Quand le bey avec soin s’est vêlu, quand il à fait sa prière : « Faites-moi sortir Noir le Beau », dit-il aux serviteurs. Les serviteurs pleins de crainte se taisent… Le jour solennel commence à luire, et la vieille mère d'Ali se présente devant lui dans sa chambre. #
« Ta bénédiction me manque encore, dit le jeune homme