Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

AT2 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

d'Iovanovitj, sur les plus hautes crêtes des montagnes se montrait un Boccésien d’une gigantesque stature, le yatagan à la main, et poussant dans toutes les directions des cris prolongés à la facon des montagnards de ces contrées. C'était sans doute un des chefs principaux, car par moments sa voix seule retentissait, tandis qu'il indiquait avec son arme les positions sur lesquelles les insurgés devaient se transporter. Quelques soldats autrichiens, rampant dans les rochers, arrivèrent non loin de lui et l'étendirent raide mort.

Dès le début de l'insurrection, le gouverneur de la Dalmatie avait été investi des pouvoirs les plus étendus, aussi bien au point de vue politique qu'au point de vue militaire, de sorte que ses décisions n'avaient pas même à attendre, pour leur exécution, l'approbation du ministre. Le général baron Wagner qui, dans ces conditions, avait dirigé toutes les mesures prises dès le début de l'insurrection, fut subitement remplacé par le comte Auersperg, qui arriva le 20 octobre à Cattaro, où on l’accueillit très-froidement. Dès le 21 commença à fonctionner une cour martiale devant laquelle furent tout d’abord traduits cinq insurgés de Risano, pris à Lédénitsé les armes à la main. Quatre d'entre eux furent condamnés à la pendaison, et le ginquième fut renvoyé devant un tribunal ordinaire. DL qu'au milieu d’un grand appareil militaire on conduisait ces gens au supplice, le plus âgé s'adressant au peuple, le priait de lui pardonner d'avoir commis la sottise de se laisser prendre. Quand ce fut son tour de monter sur la plateforme, il y arriva en chantant le chant des morts, puis il demanda qu'on le laissât voir encore ses trois camarades pendus, et alors se retournant vers les montagnes,