Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. 413

il cria de toutes ses forces : « Slava narodoù! » Gloire au peuple! Une minute après, son corps se balancait dans l’espace.

Sur tous les points de la Dalmatie avaient lieu de nombreuses arrestations; mais la plus importante de toutes fut celle du serdar Jovo Jovanovilj, maire de Risano, dont les sympathies pour le gouvernement autrichien étaient pourtant bien connues, et qui même était décoré de l’ordre de François-Joseph I‘. On l'accusa de détenir illégalement des armes, ce qui, dans un sens, était vrai, puisqu'il en possédait une collection des plus an-, ciennes et des plus remarquables, à ce point que le prince du Monténégro lui avait fait offrir inutilement 10,000 florins d’un fusil, un handjar et deux pistolets. Cette collection, composée entièrement de pièces enrichies d’or, d'argent et de pierreries, faisait l'admiration de tous les connaisseurs. Le serdar était un beau vieillard à cheveux blancs, n'ayant jamais rendu que des services au gouvernement. Il avait, en 1850 et 1860, organisé la défense du pays, et toujours il avait été en opposition avec les ennemis de l'Autriche dans toute la contrée des Bouches. Jovanovitj, au lieu d'être traduit devant la cour martiale, fut déféré à un tribunal régulier devant lequel il se présenta dans le pittoresque et magnifique costume dalmate, qui, à Risano, est d’une richesse extraordinaire. Interdit devant l'intelligence, le courage et la dignité de ce noble accusé, le tribunal renvoya l'affaire sous le prétexte d'un nouvel appel de témoins, et dès ce moment Jovanovitj ne fut plus inquiété. ‘Le général Wagner, réduit à des fonctions purement militaires, transporta le 21 octobre son quartier général à

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