Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DIX-HUITIÈME. 491

Considérant donc comme bien légitimement acquis aux Monténégrins tous les bénéfices qu'ils ont pu retirer de leurs longues guerres, nous nous contenterons d'étudier ici les rapports diplomatiques de leur gouvernement avec les diverses puissances dont ils furent les auxiliaires, ou qui, en dehors de toute immixtion de la Porte ottomane, consentirent à signer avec eux des traités ou des conventions; de suivre dans l'histoire des princes et vladikas de la Montagne-Noire le libre exercice de leur souveraineté, et enfin de manifester l'incertitude et les hésitations de la Turquie dans les occasions où elle a été mise en demeure de prouver ses prétendus droits sur le Monténégro.

C'est avec l’Albanie luttant contre les Turcs, sous Georges et Yvan Castriote, que nous voyons le Monténégro nouer les premières relations militaires, par lesquelles il s'affirme comme État indépendant de la Porte : Stéphan I‘ Tsernoïévitj ne cesse pendant vingtquatre années de coopérer à l'affranchissement du pays que Scanderbeg défend contre le flot des armées ottomanes. Mais avant cetie époque les Bälchides, souverains de toute la Zéta, et par conséquent du Monténégro, étaient déjà en rapport avec les républiques de Venise et de Raguse. Bâlcha I® traite avec la première en 1373, et avec la seconde en 1380 et 1385. En 1385 encore, allié aux Vénitiens, il fait la guerre à Ouchitsa, prince de Dalmatie. Son fils Djuratj confirme, en 1386, toutes les conventions faites par son père avec les deux républiques, et en 1388 il accorde aux Vénitiens des facilités spéciales pour commercer dans son pays. Djuratj Strachimirov, petit-fils de Bälcha EI”, cède en 139% aux mêmes Vénitiens la forteresse de Scutari, et en 1406