Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.
pit à sa mort (641), et la Serbie se trouva subitement affranchie du joug grec. Mais pendant les deux siècles qui suivirent, les grands feudataires serbes, jaloux de leurs voisins, autant qu'impatients de l'autorité de leur suzerain, furent constamment en guerre, soit entre eux, soit contre le grand joupan, tandis, que, profitant de leurs dissensions, Grecs et Bulgares venaient tour à tour les piller, les ranconner ou les soumettre. La Nérètva la première affirma son indépendance, puis le joupan de Travounié, Kraïan, se déclara libre à son tour, et put laisser à ses successeurs, H'rvalimir et Tsoutsimir, une autorité presque souveraine. Au commencement du dixième siècle (912 à 926), le célèbre Michaël Vichèslavitch régnait sur les Zaoumlié, et, dans la seconde moitié du onzième (1050 à 1080), le plus puissant des joupans, Michael Boislav, grand joupan de Diocléa, se déclara roi des Serbes, et reçut du pape Grégoire VIT l’investiture de ce titre. Pendant trente années il régna glorieusement à Douka, puis il laissa le pouvoir à son fils Bodine, qui établit sa résidence à Skadar, et soumit à son sceptre les joupans de Bosnie et de Rachka. Cette royauté disparut bientôt dans les dissensions intestines, et les Serbes retombèrent sous la puissance grecque, jusqu’au jour où Stéphan Némania, en relevant leur indépendance, inaugura véritablement la race royale de Serbie.
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LES NÉMANJIDES.
Stéphan Némania, fils d'Onroch Bjeli (le blond), joupän de Rachka, naquit en 1114, à Ribnitsa, dans la Zéta, et devait succéder à son père, bien qu'étant le plus jeune de trois frères. Il fut donc obligé de lutter contre ses deux aînés, Miroslav et Constantin, et, les ayant soumis, il devint grand joupan de Rachka, et délivra tout le pays serbe, y compris Douka où avaient heureusement régné ses ancêtres. La forteresse de Douka ou Dioclea, de laquelle l'empereur Douklian (Dioclétien) tirait son nom, était placée à Fembouchure de la Zéta, dans la Moratcha. De bonne heure le pays