Le Monténégro

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voyageurs qui passent à Cettigné une fois par an ou deux fois au plus ;inutile d'ajouter que ces voyageurs de commerce sont allemands ou autrichiens, un voyageur français dérogerait en visitant un « pays perdu » où ses confrères étrangers font cependant d'excellentes affaires. Là-dessus, pas de contradiction possible ; on n'a qu'à parcourir les rapports des consuls français, tous sont unanimes à regretter l'indifférence marquée des voyageurs français pour les pays de l'Europe orientale où, cependant, les opérations commerciales ont pris une extension remarquable depuis peu d'années.

C'est tellement indéniable que, dans un de ses derniers rapports, M. Henri Dallemagne, consul de France à Bosna-Seraï, écrivait ceci :

« S'il y avait un bateau français faisant une fois par mois escale sur un point de la côte albanaise ou monténégrine, en y déposant des marchandises françaises, on trouverait, à coup sûr, des intermédiaires locaux tout disposés déjà, j'en ai reçu les assurances, à tenter un effort en faveur de notre production nationale. On créerait ainsi rapidement un débouché dont profiterait notre commerce.

« Ne serait-ce pas trop insister sur une situation plutôt douloureuse, que de constater qu'en trente-huit jours de voyage, si j'ai rencontré quatre commis voyageurs allemands et