Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France
18 LE PACTE DE FAMINE
été très superficielles sur cette époque‘. Jusque-là on paraît s'être borné, en temps de disette, à interdire aux cultivateurs de garder plus de blé qu'il ne leur en fallait pour la subsistance de leur famille, et on les forçait à vendre tout le reste au prix courant du marché : « Doncques quant il avient que il est tel tans (de famine), li seigneurs des terres pueent commander à leurs sougés que ils retiennent tant seulement des choses dont il est faulte, che qui leur convient pour aux et pour leur meïsnie à l’année passer, et tout le remenant, que ils le metent en vente selonc le droit pris que les choses valent quant elles sont en plein marchié, car trop mieux vaut que l’on secoure au quemun pourfit, que à = volenté de cheusse qui veulent le taux enchiérir ?. »
Au XIVe siècle Philippe le Bel prescrit les mêmes mesures par son ordonnance du dimanche d’après la Chandeleur de l’an 1304. Nous trouvons aussi une ordonnance analogue à la date du 10 juin 1391.
Le 23 février 1515, pour faire face à la disette, François Ier défend l'exportation des grains, « en manière que si le cas avenoit, dit l'ordonnance, que en eussions à besongner pour en faire provision où munitions en nos villes ou forteresses de frontière, avitaillement de nos gens de guerre ou autrement, ne s’en pourroit à peine trouver pour y susvenir et suffire. »
Les guerres de religion viennent augmenter la misère publique et aux mesures prises jusqu'à cette époque pour prévenir les disettes, nous voyons ajouter l'établissement de greniers d’abondance. Le 4 février 1567, Charles IX, dans un règlement général pour rétablir le bon ordre dans la police de son royaume, «estime que le plus seur moyen de ne pas retomber dans cette calamité (la famine)
4. « Hugues Capet réunit Gonesse au domaine de la couronne comme portion de son comté de Paris; et les rois ses successeurs en ont joui sous ce titre pendant longtemps. Ils y avoient une grange pour garder leurs blès; et souvent, quand ils voulurent faire des legs à certains monastères, ils assisnérent ces legs sur le produit de cette grange. Aïnsi, en 4164, Louis VII donna annuellement six muids et demi de froment aux Grammontains de Vincennes; Philippe-Auguste, en 4197, seize à abbaye de Livry; S. Louis, en 4959, cinq aux Chartreux de Paris, ete. La plupart dés habitants de Gonesse étoient tenus de garder, dans le mois d'août, pendant une nuit chacun, la grange du Roï; mais cette corvée étoit une espèce de servitude, qui
les empêchait de se marier à des femmes libres; ils en sollicitèrent l’affranchisse-
ment auprès de S. Louis, qui les en délivra. » Le Grand d’Aussy, op. cit. I, 406. “2, Philippe de Beaumanoir.