Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France
40 LE PACTE DE FAMINE
chèrement aw compte du Roï, vendre à bon marché ax coinpte du Roi, fermer les sorties de par le Roï…. Il est vrai que, quelque temps après, dans l'embarras, dans la fureur peut-être d'avoir pris un engagement aussi éclatant, on a essayé de diriger les soupçons publies et la sévérité royale sur deux hommes employés par l'abbé Terray à son administration pacificatrice des marchés. Ils ont été mis à la Bastille avec éclat; on leur a fait leur procès ; la commission chargée de les juger a eu pour procureur général un magistrat qui devoit être malintentionné pour leur protecteur ; et cependant leur innocence étoit si évidente, l'intégrité des juges s’est trouvée si parfaite, qu'ils ont été honorablement déchargès de toute accusation ; il n’est resté de cette dénonciation terrible que le monument hasardé qui la contenoiti. »
Linguet fait ici une nouvelle allusion à Daniel Doumerc et à Jean-Louis Sorin de Bonne, dont nous avons déjà parlé, employés chargés de l’approvisionnement des grains pour le compte de Sa Majesté. Ils furent arrêtées, le premier le 5 mai 1775, le second le lendemain, par ordre de Turgot. On les enferma à la Bastille. Voici quelle avait été la cause de leur détention. Quelques jours avant leur arrestation, «on avoit trouvé dans la rivière un sac de papiers relatifs au commerce des grains. Ils furent sur-le-champ portés chez le lieutenant de police, M. Albert. On crut alors qu'ils y avoient été jetés par ordre des sieurs Sorin et Doumerc. C’eût êté trop maladroit pour être vraisemblable ; mais il a êté constaté depuis que ces papiers avoient été jetés dans la rivière, du bureau de M. Albert lui-même, dont quelques commis furent chassés à cette occasion ?. » Le 12 juin suivant, Albert vint à la Bastille et
4 Linguet, op. cit., 288, 301, 305.
2 Charpantier. Bustille dévoilée, IV, 51. «Je trouve ce fait dans un mémoire manuscrit, présenté au Roi par les sieurs Sorin et Doumerc pour leur justification, » ajoute Charpantier. Les Mémoires secrets de Bachaumont (XXX, 258-279-287) contiennent les renseignements suivants au sujet de cette affaire : ;
7 mai 4775. — «Il passe pour constant qu’on a conduit à la Bastille ces jours-ci deux personnages très connus et que le gouvernement recherchait depuis quelques mois. Ce sont les sieurs Sorin et Doumere. On sait qu'ils étaient chargés de faire le commerce des bleds sous le ministère de l'abbé Terray, pour le compte du feu roi: quant au sieur Mirlavaud, qui avait eu l’impudence de se faire inscrire dans PA !manach royal de 1774, trésorier des grains au compte du Roi, on le nommaïit aussi parmi ces détenus, mais on a vérifié que non. — La détention de ces Messieurs qui se resardaient déjà comme innocentés, faite dans un tems aussi critique, semblerait indiquer qu’on les soupconnerait d’avoir quelque part aux troubles actuels. »
49 mai 1775, — « Il y a grande apparence que les sieurs Sorin et Doumerc n’ont