Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France
PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE VIII 55
le procureur de la lanterne, Camille Desmoulins, dans sa Réplique aux frères Leleu : ; le calomniateur de Saint Louis, celui qui sera le complice des massacres de Septembre, Pierre Manuel, dans sa Police dévoilée ? ; un inconnu dans le Moniteur %, et un misérable fou, Le Prévôt de Beaumont, dans Le prisonnier d’État *. Tous sont des révolutionnaires plus ou moins ardents, ennemis quand même de l’Ancien Régime. Ge sont leurs calomnies qui seront crues sans hésitation par les historiens traitant cette importante question.
Voyons-les donc, ces accusations. Elles sont parfaitement claires et bien déterminées. Les pamphlétaires sont unanimes pour affirmer que sous l'Ancien Régime il y avait un Pacte de famine. Son siège social était à Corbeil. Sous Louis XV, le directeur de la compagnie était Malisset. Sous Louis XVI, c’étaient les frères Leleu. C’est à cette société qu'on avait affermé la subsistance du peuple.
Nous avons ainsi un point de départ précis. C’est cette société. Voilà le principe générateur du crime, du Pacte, de la spéculation. Commençons par voir quelle était cette criminelle association. Depuis plusieurs siècles, Gorbeil et les villages environnants fournissaient la plus grande partie de l’approvisionnement de Paris, soit en farines, soit en pain.
Placée au centre d’un pays riche en blés, entourée d’un grand nombre de moulins construits le long de la Juine et de l'Essonne, située sur la Seine en amont de la capitale, la petite ville de Corbeil était dans une situation exceptionnelle qui la désignait naturellement comme entrepôt pour les grains destinés à la consommation de la capitale dont elle est fort peu éloignée (huit lieues).
Vers la fin du XVIe siècle, outre les « pains faits dans la capitale
au bureau des subsistances de l'Assemblée nationale. Ces mémoires furent déclarés calomnieux par un arrêt du Conseil auquel C. Desmoulins reproche de ne pas avoir été enregistré. Les arrêts du Conseil n'avaient pas besoin de cette formalité, Voir l'arrêt du Conseil aux Pièces justificatives, TND D:
1. Réplique œux deux mémoires des sieurs Leleu, insignes meuniers de Cor= beil, en présence de M. Necker. Paris, Garnery, an premier de la liberté,
2. La police de Paris dévoilée, 1, p. 370 et suivantes.
3. Moniteur de 1789, Introduction (publiée après les événements). Nos 57 et 58, Ces articles sont signés A. M.
4. Le prisonnier d'État ou tableau historique de la captivité de TJ.-C.-G. Le Prévôt de Beaumont, durant vingt-deux ans, deux mois, écrit par lui-même, Paris, 1789 ; réimprimé en 1791.