Le progrès des arts dans la République : poème : précédé d'un discours sur le même sujet : suivi d'un autre poème intitulé Dieu et les Saints; de quelques vers sur les victoires de Buonaparté; des Doléances du Pape et de nouveaux Hymnes civiques

38 LE CALENDRIER

Je ne puis y souscrire , et briser son autel,

C’est rendre au genre humain un service immortel à Qu’au nombre décimal il cède enfin la place,

De nos fastes nouveaux que la raison l’efface ;

Qu’à son aspect il faie, et laissons les Hébreux Rendre au jour du sabbat leurs hommages nombreux, Hommages insensés, nés d’un esprit malade. Transformons, en unmot, la semaine en décade.

Sur le projet nouvean Lalande (1) est consulté, Lalande approuve tout : d’un honneur mérité, La décade jouit, malgré la cour romaine,

Et de sa niche antique expulse la semaine.

ErGasTeau mêmeinstant, donne aux jours inégaux, Les noms simples et doux des nombres ordinaux ; À lundi, primidi rapidement succède, Dix à sept, et l’erreur à la vérité cède.

La vérité, pourtant, a plus d’un ennemi; Le fanatisme impur n’est dompté qu’à demi ; Sur le vieux almanach il étendoit ses ailes, Et protégeoit des saints les fêtes solemnelles : Le peuple même, hélas ! trop docile à sa voix, Rendoït un culte impie à je ne sais quels rois Arrivés d'Orient aux clartés d’une étoile : Sur le front des humains pourquoi laïsser le voile Que la main de l'erreur avoit seule étendu ? Un Dieu , mes chers amis, ne peut être pendu.

(1) Le fameux astronome. Il a été consulté sur le calendrier républicain par le comité d'instruction publique.