Le règne de la vertu : la dictature de Robespierre
LE RÈGNE DE LA VERIU. 813
mais sous le couteau Au fond ces « scélérats » sont des hérétiques, car Robespierre, comme Torquemada, est, suivant le mot ironique de M. Aulard, « le maître de la vérité. »
« La vertu a toujours été en minorité! » Robespierre ne compte que sur quelques amis, surtout à la Convention ‘ Couthon, Saint-Just, Le Bas. Ce sont les séides de ce Mahomet, les émirs du Prophète.
Couthon plaît à Maximilien par son spiritualisme: lui a non seulement lu le Vicaire savoyard, mais il l’a paraphrasé. Ce n'est pas sans quelque regret que le représentant du Puy-deDôme a vu disparaître « messieurs les curés » dont, à la fin de 1791, il louait encore « le zèle et la délicatesse ; » il a toujours protesté que, loin de travailler contre « la religion de nos pères, » les députés travaillaient pour elle « par le rétablissement des mœurs. » Car s’il est religieux, il l’est avec ce puritanisme qui est vraiment la marque du groupe : ce malheureux Couthon, à dire vrai, a peut-être moins de mérite qu'un autre à être de mœurs pures, infortuné qui s’avoue cousu de maux, geint en toutes ses lettres sur son sang avarié et ses jambes recroquevillées, et ne quitte sa voiturette de cul-de-jatte que pour se faire porter à la tribune. A la veille de Thermidor, c'est lui qui, fortde ses bonnes! mœurs, dénoncera avec äpreté « les hommes impurs qui cherchent à corrompre la morale publique sur le tombeau des mœurs et de la vertu. » Mais dès 1793, il a admis que « la religion était l’appui des bonnes mœurs, » et si, à l'automne de cette année-là, il a supprimé le culte catholique, c’est avec les considérans d’un puritain d'Écosse abolissant le presbytérianisme après le papisme : car louant « l’architecte » qui « maintient l'harmonie dans la nature » et dont nous sommes « Les enfans, » il affirme n'avoir « détruit la religion des prêtres » que pour instaurer « la religion de Dieu. » Ce « Dieu de vérité » qu’il salue du haut de la tribune, il trouve sa main partout. Nul orateur « clérical » n’a aussi souvent fait appel au Très-Haut et discerné sa dextre : c’est le Très-Haut qui « servant mieux la Révolution que les hommes » à « rappelé » Léopold d'Autriche, ennemi de la France; et c’est Lui qui, inondant de soleil La fête de la Victoire en 1794, a marqué