Le Royaume de Monténégro : avec une carte

COMMERCE, INDUSTRIE, AGRICULTURE 73

moindre village de pêcheurs hollandais, anglais ou norvégiens. On ne peut donc considérer la pêche au Monténégro comme une industrie réellement importante. Il faut avouer que les procédés et les engins employés n'ont rien de moderne et ne permettent guère de faire mieux. Pour pêcher, en effet, on amarre un canot à un tronc d'arbre, sur le bord de l’eau, au fond de laquelle des hommes nus descendent doucement un grand filet bien tendu. Au bout de quelques instants, ils commencent à en relever les bords, qu'ils plissent au fur et à mesure entre leurs mains pour le transformer en une sorte de sac, et ce, en évitant avec soin d’effrayer le poisson. Quand ce sac à mailles est formé, ils le soulèvent et en vident le contenu dans leur canot.

En ce qui concerne les importations, on pourra constater avec un certain étonnement que, après avoir envoyé au dehors plus de 140.000 kilos de peaux et encaissé de ce fait 222.700 couronnes, on soit dans l'obligation de faire rentrer, par voie d'importation, 195.162 kilos de cuirs qui ont coûté 581.439 couronnes. Cette combinaison très onéreuse s'explique par ce fait qu'il n’existe, au Monténégro, aucune tannerie permettant d'effectuer, dans l'intérieur du pays, la transformation de toutes ces peaux en cuir.

Or, si les Monténégrins avaient tant soit peu l'esprit porté vers l’industrie, il y en aurait, certes, qui se feraient immédiatement tanneurs, et réaliseraient ainsi, rapidement et sûrement, une fortune, en même temps qu'ils procureraient un travail rémunérateur à nombre de leurs concitoyens.

Personne n'y pense, ou plutôt personne ne se sent assez de courage pour se mettre résolument au travail.

On pourrait faire la même constatation au sujet des articles de laine pour lesquels les chiffres comparatifs sont les suivants, en 1907 :

Exportation de laines brutes : 232.074 couronnes;

Importation d'articles en laine : 328.783 couronnes.

Ces chiffres montrent clairement qu’une industrie nationale serait des plus rémunératrices, ne travaillât-on dans le pays que la moitié de la laine exportée.

Cette absence complète d'énergie et de sens commercial est