Le Royaume de Monténégro : avec une carte

74 LE ROYAUME DE MONTÉNÉGRO

d'autant plus étonnante que les droits d'entrée sont très onéreux. On pourrait admettre que le Gouvernement maintienne des tarifs aussi élevés, et semble ainsi résolument protectionniste, s’il y avait lieu de protéger les producteurs monténégrins; mais, comme ces producteurs n'existent pas, la perception de forts droits d’entrée sur des marchandises de première nécessité va à l'encontre des intérêts les plus immédiats de la population.

Alors pourquoi l’État persiste-t-il dans une telle voie, direzvous? Maïs tout simplement parce que de grosses sommes rentrent, de ce fait, dans ses coffres. Ne cherchez pas plus loin!

Le Gouvernement ne veut pas voir que ces procédés affament le pays et que, faute d'ouvrage régulier, l’ouvrier, ne touchant que des salaires dérisoires, prend souvent le parti de s’expatrier. C'est ainsi que, d'année en année, le Monténégro se dépeuple.

Sur les tableaux annexés au présent chapitre, on verra le total des importations et des exportations en 1906 et 1907 (Nous n'avons pu réussir à nous procurer ceux des années suivantes). On y constate que, pendant ces deux années, les importations furent, respectivement de 5.070.004 et de 6.259.890 couronnes, contre 1.810.803 et 1.338.264 couronnes pour les exportations. Ces chiffres sont éloquents et montrent qu’on a, dans ces deux années, importé, à grands frais, cinq fois plus de marchandises qu'on n’en a exporté.

De telles affaires épuiseraient tout pays, et le Monténégro, déjà bien pauvre, se ruine peu à peu et en meurt.

Nous avons dit, d'autre part, que la Russie lui fournissait sous toutes formes des subsides importants, dont le chiffre exact reste toutefois un secret jalousement gardé. Parmi les Monténégrins expatriés, bon nombre, dont les affaires ont prospéré, assistent également leurs familles restées au pays, ainsi que leurs compatriotes. Sans cela, la misère serait encore plus terrible.

Le marchand monténégrin écoule principalement ses produits en Autriche, surtout à Cattaro, où il vend du bétail, du poisson, du bois jaune, et..., de la poudre insecticide, qu'il serait si nécessaire pourtant d'utiliser sur place. Vous allez voir, par ce qui suit, quel résultat il retire de ses opérations commerciales. D'abord, pour faire entrer ses marchandises en Autriche, il doit