Le Royaume de Monténégro : avec une carte

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s’abatte sur eux, observent, jusqu’à des temps plus propices, un silence prudent.

On réaliserait d'importantes améliorations au point de vue politique, si l’on se décidait à une décentralisation, sur les bases démocratiques, de l'administration intérieure. L'unité administrative serait toujours le district, seulement les administrés n’éliraient leurs conseillers que pour cinq ans tout au plus.

Cette limitation du mandat est de toute nécessité, parce que, actuellement encore, le chef du district est aussi le chef de la police, et les capitans qu’il commande remplissent même les fonctions de juges en première instance. Or, le chef en question, nommé par son Roi et n'étant pas contrôlé par ses administrés, peut agir et agit réellement en autocrate, et cela impunément, tant.qu'il est assez adroïit pour se conserver la confiance des autorités Cettignéennes. Il serait également indispensable de faire du Scupchina une institution vraiment armée de pouvoirs législatifs: alors seulement nous pourrons voir des budgets réels, établis sur des bases certaines et solides, au lieu des amas de chiffres sans valeur qui les composent actuellement, et qui n’ont pas plus de consistance que le brouillard qui les enveloppe, puisqu'il faut compter avec des facteurs inconnus, c’est-à-dire avec les subventions de la Russie, dont le chiffre exact est un secret d'État, et avec certains revenus royaux connus seulement du monarque.

On devrait aussi affecter aux districts de 70 à 80 % par exemple du produit de leurs propres contributions directes, à charge par eux de subvenir à leurs divers besoins. En agissant ainsi, on contribuerait puissamment à l'éducation du peuple, on apprendrait aux habitants à apprécier l'autonomie, et on éveillerait en eux les premières notions de ce qu’est la liberté. Il serait facile de rendre obligatoires, dans chaque district, tous les travaux d'intérêt national, tels que l'entretien de la voirie, par exemple, et même son amélioration et son extension.

Les mœurs s’adouciraient en même temps que la civilisation pénétrerait plus profondément; la vendetta, la tuerie en règle, deviendraient de plus en plus des exceptions: mais l’État devrait, de son côté, abolir les punitions trop sévères que subissent les