Le système continental et la Suisse 1803-1813
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réparties sur tout son territoire. Mais l’élevage du mouton, pas plus que la fabrication des draps de laine, ne semble y avoir accompli de progrès sensibles. Les efforts dus dans ce domaine à deux habitants d’Aarberg, MM. de May et Sinner, restèrent isolés !.
D'ailleurs, l'intérêt général manifesté en Suisse pour l’amélioration de la race ovine ne dura pas plus que le système continental. La crise passée, l’élève du mouton retomba dans son ancien état de négligence et de routine et, au cours dix-neuvième siècle, il passait au dernier rang des spécia-
lités de l’élevage ?.
$ r7. Les denrées coloniales et leurs surrogats.
Ce ne sont pas les fluctuations du commerce et de l’industrie qui ont le plus contribué à maintenir vivace pendant le dix-neuvième siècle le souvenir du système continental, mais bien un phénomène d'ordre plus secondaire, le renchérissement des denrées coloniales.
Jusque vers 1770, l’usage habituel du café, du sucre, du thé, du chocolat n'existait en Suisse que dans les familles riches 3. Le développement de l’industrie permit ce luxe aux classes populaires. Dans le dernier quart du dix-huitième siècle et surtout à partir de 1790, la consommation de ces denrées augmenta dans des proportions énormes ; l’habitude de prendre du café et du sucre se généralisa et se répandit dans les régions les plus écartées, chez le fileur des Alpes et l’horloger du Jura, aussi bien que chez le paysan du plateau.
Cette consommation extraordinaire pouvait, avec le temps, exercer son influence sur la richesse d’un petit pays où le
1 Le premier, de May, écrivit une brochure sur l'élevage des moutons espagnols. Le second, Sinner, forma un troupeau de bêtes mérinos. C’est à lui que le podestat Marin fit ses achats de béliers.
Neuer Sammler, 1808, p. 380; — Æelv. Alm., 1821, p. 173.
2 Chuard-Seippel, p. 36; — Kuenlin, p. 219.
8 Musée neuch., 1875. p. 30.
La consommation des denrées coloniales en Suisse au dix - huitième siècle.