Le système continental et la Suisse 1803-1813
déterminèrent les autorités vaudoises à prendre peu de temps après des dispositions plus énergiques encore !. Un arrêté, daté du 15 juin 1808, décréta que les scellés seraient apposés sur tous les magasins et boutiques de Nyon qui faisaient le commerce des produits manufacturés de coton. On procéda dans cette ville ainsi qu’à Coppet, Gingins et Begnins à une série de perquisitions domiciliaires et on y saisit des correspondances suspectes. L’intendant des péages, Pellis, devait procéder à l’examen des marchandises séquestrées. Toutes ces opérations qui s’accomplirent sous la surveillance du commissaire de police genevois Noblet, délégué par le gouvernement français, ne donnèrent pas grands résultats. On ne fit de confiscations sérieuses que dans la maison Kehrwand et Mercier à Coppet, qu'avait signalée Barante. Plusieurs sujets français, contrebandiers avérés, furent expulsés du territoire vaudois. Enfin, le Petit Conseil chargea le citoyen Muret de faire une tournée dans les huit arrondissements de lieutenance du canton, d’y faire une enquête détaillée sur la contrebande et de rappeler aux fonctionnaires leurs devoirs. A son retour, Muret présenta un rapport qui permit de reconstituer les grandes lignes du système de fraude organisé dans le pays ?.
Les principales villes du canton, Lausanne, Yverdon, Morges, Nyon, contenaient d'importants dépôts de marchandises?, d’où partait un double courant de contrebande. Le pre-
1 Le lieutenant du P. C. à Nyon, la Fléchère-Beausobre, rapportait le 20 août à son gouvernement un entretien qu'il avait eu avec le conseiller français Fabry. Il s’exprimait de la manière suivante dans sa lettre : «On s’est un peu endormi, chez vous, sur les dangers de cette contrebande. Je vous en parle comme un homme qui désire rester Suisse ; si votre canton veut se maintenir tel, il doit mettre les pieds contre le mur pour empêcher
par tous les moyens qui sont entre ses mains, cette malheureuse contre-
bande. » Corresp. secrète du P. C. vaudois, 13 juin, 20 août 1808. 2? Corresp. du P. C. vaudois, janvier 1809 ; — Verdeil-Gaullieur, 4, 101 ss. 3 Lausanne, Vevey et Yverdon étaient, en 1804 déjà, dénoncés par l’administration française comme étant «les véritables magasins de la France. » Arch. Genève, Police, 524 8, an XII.