Le système continental et la Suisse 1803-1813
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de 1799, éprouvés par la crise du transit, le paupérisme avait augmenté dans de terribles proportions. AfBerne et en Argovie, le peuple industriel souffrait cruellement. La misère était à son comble dans l’Oberland zuricois, dans les deux Rhodes d’Appenzell et à Glaris. L’épuisement du pays tout entier atteignit son point culminant au commencement de l’année 1812, lorsque l’insuccès des foires allemandes eut porté le dernier coup au travail des manufactures et réduit la population au désespoir.
À ce moment, comble d’infortune, se produisit une hausse subite et extraordinaire des prix du blé, qui s’étaient maintenus relativement modérés jusqu’alors depuis le commencement de la Médiation.
Par suite de l'introduction et de la diffusion des plantes fourragères en Suisse, la surface des terrains cultivés en céréales avait été considérablement diminuée; puis, en 1810, une sécheresse avait été fort nuisible aux récoltes; enfin, les bruits de guerre avaient provoqué en Allemagne d'immenses achats pour l’approvisionnement des armées. Les spéculateurs avaient poussé leurs affaires jusqu’en Suisse et avaient contribué à épuiser les faibles réserves du pays.
L’anxiété et la consternation furent générales. En hâte, les gouvernements s’efforçaient de parer à la famine menaçante par une surveillance étroite du marché des grains, par l'interdiction des achats en masse et de l’exportation du blé à l’étranger !.
Cet ensemble de circonstances funestes déterminait, en 1812, dans les cantons, une violente recrudescence de l’émigration. En 1803 et 1804 déjà, les troubles politiques, joints aux perturbations économiques, avaient chassé du pays beaucoup de monde, surtout à Bâle, Zurich et dans le canton de Vaud ?.
1 En mai 1812, grâce aux dispositions prises, les prix du blé retombèrent quelque peu.
Gem.. Schw. Nachr., 10 et 11 avril, À et 7 mai 1812. 2? Au début de la Médiation, Bâle fut au nombre des cantons les plus for-