Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, S. 144
rs
132 LE THÉATRE-FRANCAIS PENDANT LA RÉVOLUTION
« Citoyens lézislrteurs,
« Ce n’est point un hommage que je vous présente, c'est une dette que J’acquitte. L’Ami des Loïs ne peut paraître que sous les auspices de ses modeles. »
Le procès verbal de la séance constate qu'une discussion assez vive s'éleva entre plusieurs membres de l'Assemblée : les uns réclament l'octroi de la mention honorable. — Prieur combat cette motion; il dit ne pas connaître l'ouvrage, mais qu'il a lu dans les papiers publics un extrait ou se trouve ces mots : « aristocrate, mais honnête homme » (1).
« Je demande, ajoute-t-il, comment on peut être aristocrate et honnête homme ? »…. L’ordre du jour est réclamé sans succès.
La discussion continue vive et animée ; la mention honorable est réclamée avec force dans une grande partie de la salle. — Rouyer : — Si un contre-révolutionnaire vous faisait hommage d’un écrit attentatoire à la liberté, en décréteriez-vous aussi la mention honorable? — Je m'oppose de toutes mes forces à la mention honorable, s’écrie Prieur, je répète que je n’ai jamais vu ni lu l’Ami des Lois. (Eclats de rire. — Interruptions.)
— Je ne sais pourquoi on m'interrompt toujours, répond Prieur, c’est une jalousie contre mes poumons...…. Cependant le Président consulte l’Assemblée, mais un violent murmure, partant d’une des extrémités de la salle, interrompt la délibération.
Au milieu du tumulte, un conventionnel nommé Chasles parvient à se faire entendre.
— Il est impossible, dit-il, que l’Assemblée décrète
(1) Le vers cilé était en réalité : Aristocrate soit, mais avant honnête homme.