Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, S. 92

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80 LE THÉATRE-FRANCÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

l’y retrouve, créant avec éclat le principal rôle dans Paméla, en 1793.

A cette liste, ajoutons encore M'e Desgarcins, dont les débuts, le 24 mai 1788, avaient révélé un talent plein de sensibilité, puis M'°* Simon et Dubois.

C’est à la clôture de Pâques 1791 (1), que s’opéra cette séparation mémorable. Une telle désertion, toutefois, n’aurait pas été acceptée bénévolement par la Comédie-Française, car on raconta que le transfuge Talma ne parvint qu'à l’aide d’un subterfuge, à transporter rue Richelieu son importante et précieuse garde-robe. Ce fut cachée dans un mannequin porté par des licteurs, qu’elle franchit le seuil du théâtre de la Nation et traversa ainsi Paris, sous la conduite de Dugazon, costumé en Achille et la lance au poing (2).

Un fait assez singulier, c’est que la dernière nouveauté jouée par les Comédiens-Français, avant cette clôture, fut une pièce de Monvel qui, malgré sa situation au théâtre du Palais-Royal, avait voulu recourir au talent de ses anciens camarades, pour l’interprétation de son œuvre dramatique (3).

Cette pièce, ainsi représentée, le 29 mars 1791, presque à la veille de la lutte prête as’ouvrir entre les deux théâtres rivaux, était : Les Victimes cloîtrées,

(1) Cette clôture eut lieu, le 10 avril, par une représentation au profit des pauvres, avec le Pére de famille et les Folies amoureuses.

(2) C'estau moment de cette scission, que la Comédie-Francaise, à la date du 27 mars 1791, crut devoir diminuer certaines places; ainsi de 48 sous le parterre fut mis à 36 sous et la galerie réduite de 4 livres 16 sous à 3 livres.

(3) Monvel, qui était un admirable comédien, fut aussi un auteur fécond et souvent applaudi. Outre des drames émouvanis, il produisit, en collaboration avec Dezèdes et d'Alayrac, un certain nombre d'agréables livrets d'opéras-comiques, notammeni : les Trois Fermiers, Blaise et Babet, Aleæis et Jusäüine, Sargines, Raoul Sir de Créquy, Philippe et Georgette, Ambroise ou Voilà ma journée, musique de d'Alayrac, etc. etc.

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