Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, S. 98
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hostilité. Remarquons que le 27 avril semblait, coïncidence singulière! consacré aux premières représentations à sensation; car, c'était à cette même date, sept ans avant, qu'avait eu lieu la première du Æariage de Figaro.
Dans Henri VIIT, ouvrage littéraire bien supérieur à Charles IX, la partie historique était traitée avec un soin tout spécial.
« Des caractères tracés avec énergie, disent Etienne et Martainville, un style noble, harmonieux, toujours de bon goût, de beaux vers partant de l’âme, et sachant en trouver le chemin, valurent à cette pièce un grand succès aux 1°, 8° et 5° actes. » Toutefois, le parti hostile, venu manifestement dans l’espoir de provoquer une chute, s’attaqua aux parties plus faibles, notammentau 4° acte, froid etlanguissant, dans lequel les applaudissements furent souvent impuissants à étouffer les sifflets.
Malgré le talent déployé par les interprètes, et surtout par Talma, dont la réputation grandissait à chaque création nouvelle, ce fut donc un succès fortement contesté, à la première représentation, mais qui s’affermit et se consolida aux représentations suivantes. Quant à l'Epreuve nouvelle, de Marivaux, cette comédie spirituelle assurément, mais d’un style précieux et maniéré, d’ailleurs très médiocrement interprétée par des artistes inférieurs, esuya toutes les rigueurs de la partie malveillante du public; elle ne put même aller jusqu’à la fin.
Nonobstant les orages de cette première soirée, la carrière était ouverte; les écrivains possédaient enfin cette seconde scène littéraire si vivement et depuis si longtemps désirée; ils se trouvaient ainsi affranchis de ce qu’ils qualifiaient de « privilèges exclusifs, de féodalité théâtrale ».