Lepeletier de Saint-Fargeau et son meurtrier : documents inédits
ET SON MEURTRIER. 1
la mort pour faire oublier sa naissance et sa fortune. Sa conduite excita plus d’indignation chez les royalistes, à cause même de la classe à laquelle il appartenait. »
Le 20 janvier 1793, trois heures après la lecture faite au roi de la sentence capitale, Lepeletier était l’objet d’une attäque soudaine et imprévue.
« Le député, dit le rapport adressé à la Convention par le ministre de la justice, le député avait diné au Palais-Royal, chez Février! ; il était au comptoir pour payer le dîner qu'il avait fait, lorsqu'un particulier, qui était à quelque distance de lui, demanda si ce n'était pas Lepeletier ; on lui répondit qu’oui. Aussitôt il s’élance sur lui et lui dit : — Êtes-vous Lepeletier? — Oui, répond celui-ci. — Quelle opinion avez-vous eue dans l'affaire du roi? — J'ai voté la mort suivant ma conscience, réplique Lepéletier. — Eh bien, reçois-en la récompense, dit l’autre en tirant son sabre, et il le frappe d’un coup qui a été mortel.
« Février accourt, et, quoique plus faible que l'assassin, il le saisit ; mais celui-ci se débarrasse bientôt et il s'enfuit. On a cru deux fois ce matin qu’il avait été arrêté; mais les renseignements qu'on a eus à cet égard ne sont pas certains.
«Le meurtrier est connu ; ilse nomme Pris; c’est un ancien garde du roi et s’est déjà rendu célèbre par sa scélératesse el sa lâcheté. J'ai ici son signalement, et comme, par nos lois, tout citoyen est obligé d'arrêter les coupables de grands crimes, je vais le lire :
« Päris, ancien garde du roi, taille de cinq pieds cinq pouces, barbe bleue et cheveux noirs, teint basané, belles dents, vêtu d’une houpelande grise, revers verts et chapeau rond. »
La Convention lança immédiatement contre l'assassin un décret d'arrestation. Le Conseil exécutif provisoire fut chargé « de faire poursuivre et punir le coupable et ses complices par les mesures les plus promptes et de faire remettre sans délai, à son comité des décrets, les expéditions des procès-verbaux du Juge de paix et des
1 D'après un récit qui me parait présenter, sur ce point, des garanties d’exactitude, le restaurant de Février était un établissement plus que modeste, situé dans une cave de la galerie de Valois. C'était là que, par une affectation de simplicité, l'opulent Saint-Fargeau, évitant de se montrer dans les beaux cafés du Palais-Royal, venait habituellement prendre ses repas. (Nouvelle Minerve, 1857, t. IX, p. 228.)
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