Les aspirations nationales de la Serbie

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Comme sur toutes les bordures ethniques, quand les Italiens et les Yougoslaves se rencontrent, il arrive qu’ils s’entrepénètrent. Avec la bonne foi des deux côtés, il ne sera pourtant pas difficile de trouver alors une délimitation juste, correspondant à l’ensemble des légitimes intérêts des deux parties. Ce qui est incompréhensible pour nous autres, Yougoslaves, c’est de voir les Italiens vouloir prendre pied sur notre rive de l’Adriatique et sur les îles qui forment le prolongement de nos côtes. A l’exception des arguments historiques, bien faibles d’ailleurs, parce que Venise n’a dominé sur nos côtes que par la force d’une puissance maritime étendue jusqu’à la mer Noire, aucune considération d’ordre moderne n’autorise l'Italie à émettre de telles prétentions. Economiquement, géographiquement, ethniquement et moralement, ces côtes forment partie intégrante de leur hinterland qui est yougoslave. J’ai toujours pensé que l’Adriatique devait nous séparer politiquement de l'Italie, mais que cette mer devait, en même temps, former le plus ferme trait d'union entre nos deux peuples, se tendant franchement et loyalement la main par-dessus les flots. Il y a certes, sur nos côtes, des gens qui parlent la langue de Dante et de Pétrarque,-comme il y a, et comme il y aura, de nos gens qui sont, et d’autres qui deviendront, citoyens italiens, et, dans ma pensée, il est même heureux que cela soit ainsi, les uns et les autres pouvant utilement dans l’avenir servir d’utiles traits d’union entre nos deux nations. Il ne faut pourtant pas que d’aucun côté leur nombre soit important, pour des raisons sur lesquelles il serait, d’ailleurs, inutile d’insister. Qu'on veuille bien se garder à Rome de glisser sur la pente de la politique de l'Autriche dans les Balkans. Contrairement à l’opinion qui trouvait faveur à Berlin et à Vienne, le Gouvernement italien a été, pendant plus d’un demi-siècle, partisan du principe « les Balkans aux Peuples balkaniques ». Cette politique a été la bonne. J’avoue ne pas comprendre l'intérêt que l'Italie pourrait avoir à la changer. Les impérialismes d'Europe ont été engloutis dans la débâcle des Puissances Centrales. Une démocratie telle que l'Italie peut-elle entreprendre le programme à son compte? Je ne le pense pas, maïs, au contrair*. suis porté à croire