Les aspirations nationales de la Serbie

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Croates et les Slovènes de la monarchie des Habsbourg, saluèrent, à la fin de 1912 et dans le courant de 1913, les succès des armées du roi Pierre. Un des nôtres, Svetozar Marcovic, socialiste digne de la plus grande estime, père intellectuel du radicalisme serbe, écrivait dès 1871 : « L'idée de l’unité serbe est la plus révolutionnaire qui existe dans la péninsule balkanique, de Stamboul à Vienne. Elle renferme en elle la destruction de la Turquie et de l'Autriche, la fin de la Serbie et du Monténégro comme principautés autonomes, et la révolution dans tout l’ensemble politique du peuple serbe. Avec des fragments détachés de ces deux Fmpires, et ces deux Principautés, former un nouvel Etat indépendant, tel est le sens de l'unité serbe. » Pour parler un langage plus en rapport avec lesprit et les circonstances modernes, il aurait dit: « Tel est le sens de l’unité yougoslave ». Car, dès ce moment, sa pensée embrassait les Croates et les Slovènes dans la même unité que les Serbes proprement dits. Un Croate de grand talent, révolté contre la tyrannie tudesque et magyare, Tkalac, avait exprimé les mêmes idées dès 1853 dans une remarquable étude publiée à Leipzig, sous le titre Das Serbische Volk (Le Peuple serbe). Un autre apôtre de l’unité slave, le Père Krizanic en avait, dès le XVI siècle, été déjà le précurseur. Si notre grand homme d'Etat Ristic, dans son mémoire au Congrès de Berlin (1878), n’a pas cru devoir parler des Croates et des Slovènes, c'est parce qu’il était tenu de ménager les susceptibilités du comte Andrassy, maître, à l'époque, de l'Orient européen. Il eut pourtant le courage de lancer aux augures de l’illustre aréopage cette audacieuse vérité : « Tant qu'elle n’aura pas été réglée d’une manière satisfaisante, la question serbe provoquera de graves difficultés et restera la clef de la question d'Orient. Avec toute sa puissance, toute son énergie qui est capable d’avoir raison de la vaillance la plus résolue, la Porte, après cinq siècles d’efforts, n’est pas parvenue à étouffer la question serbe ni à en prévenir les explosions périodiques. On peut donc conclure, de ce fait, que la question serbe ne pourra jamais être écartée, et que l'intérêt général exige