Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
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quer en Concile, selon leurs vœux, ies prêtres de la religion de la majorité des Français, et à les y laisser essayer euxmêmes de se réorganiser religieusement dans le plan de l'organisation générale administrative et politique ?
IL est, en vérité, très malheureux que le premier acte de la Révolution française n’ait pas été de rompre l'antique confusion de la foi et de la loi, maintenue par la monarchie absolue, et que notre Déclaration des droits ne contienne pas, comme celle des Américains, l'interdiction de légiférer en matière religieuse.
Au moins la Constituante eüt-elle évité la faute, qui troubla le plus la régénération de la patrie, si, au lieu de s’ériger elle-même presque en concile, elle avait usé de sa toute puissance simplement pour faire tenir un Concile national, composé comme l'avait été la représentation du clergé premier Ordre. Les curés, en grande majorité, y auraient évidemment formé une Église gallicane, mi-partie janséniste, mi-partie philosophique, d'une orthodoxie contestable peut-être et sans nul doute contestée par toutes les influences aristocratiques et par toutes les passions ultramontaines. Mais cette Église, — l'État démocratique ne se mêlant en rien de ses querelles intestines, — n’auraitelle pas brisé l’ancien moule religieux, sans bouleverser le terrain politique, élargi et solidifié en dehors des croyances intimes, des préjugés sectaires et des formes cléricales ?
Et si le Concile national, au lieu de tourner au schisme, avait, grâce à la modération et à l'intelligence de la majorité de ses membres, présenté, — après la négation par les Cahiers du Concordat de 1516, — les bases d’un nouveau Concordat, celui-ci, conclu entre Louis XVL, roi constitutionnel loyal, et Pie VI, pape désespéré, n’eût-il pas beaucoup mieux valu que le Concordat de 1801, imposé à Pie VII par Bonaparte, premier consul, voulant faire de la vieille Église, restaurée et gardée dans la main de l'État, l'une des bases de la dictature impériale ?