Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
LA CONSTITUTION CIVILE 443
gion catholique seule et exclusive religion de l'État. Mais Bonaparte régla l'exercice de ces églises hétérodoxes de façon au moins à les rendre incapables de prosélytisme, s’il n’était pas possible de les utiliser, comme l'église orthodoxe, à titre de « police sacrée. »
Il fallut la Révolution de 1830 pour faire admettre au salaire les ministres du culte israélite (1). Il fallut la conquête de l'Algérie pour obtenir la même faveur — et le même asservissement — à l’islamisme dans notre colonie africaine. IL fallut la Révolution de 1848 pour qu'une fois si difficilement sorti de la protection exclusive des sectes chrétiennes enrôlées à son service, l'État fût investi de la faculté d’autoriser et de solder n'importe quelle religion.
La Constitution de notre seconde République proclamait, article 7: « Chacun professe librement sa religion et « reçoit de l'État, pour l'exercice de son culte, une égale pro« tection. Les ministres, soit des cultes actuellement recon« nus, soit de ceux qui seraient reconnus à l'avenir, ont le « droit de recevoir un traitement de l’État. » Mais la réac tion de 1850, le Deux-Décembre et le second empire murèrent vite cette porte entr'ouverte sur la voie de la liberté religieuse.
XI LA SÉPARATION ET LA LIBERTÉ DE L'AN II À L'AN IX
La Révolution française a échoué en matière religieuse aussi complètement qu’elle a réussi en matière civile. Le culte de la déesse Raison n’a duré que vingt-six jours; le
(\) Loi du 8 février 1831.