Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA SÉPARATION ET LA LIBERTÉ 445

la pleine et entière liberté religieuse, la parfaite égalité des cultes devant la loi qui n’en doit reconnaitre aucun.

C'est un des plus effrontés mensonges de Bonaparte que de s'être attribué, vis-à-vis des religieux, le mérite d'avoir ressuscité la religion morte, et vis-à-vis des politiques, celui d’avoir, en humiliant la papauté, en avilissant le clergé, clos pour jamais l'ère des guerres religicuses ou, comme il le disait en revenant de Notre-Dame le jour de la célébration de la conclusion du Concordat (1), d’avoir « fini la Révolution ! »

La religion s'était relevée d'elle-même. L'abbé Grégoire affirme (2} qu'en 1797 le culte était rétabli dans 32,214 paroisses. Les historiens du Directoire et du Consulat constatent (3) que Bonaparte imposa sa combinaison toute politique au pape Pie VII, malgré tous les grand corps de l'État, malgré ses amis propres, au rebours du sentiment public entièrement satisfait de la liberté des cultes pratiquée comme en Amérique.

Les dernières lois de la Convention abolissant le salaire des prètres, séparant absolument les Églises de l'Etat, et rendant pratiques les libertés de conscience et des cultes, sont « le testament religieux » de la Révolution française. Elles serviront « de modèle à l'avenir, dit Edgar Quinet (4), quand il établira la liberté réelle en affranchissant l’une de l’autre la religion et la politique ».

Le loi du 3 ventôse an IL porte : que l'exercice d'aucun culte ne peut être troublé par violence ; que la République n'en salarie aucun, ne fournit à aucun le local, le logement; que les cérémonies sont interdites partout ailleurs

(1) De Pressensé, L'Église et la Révolution, p. 451.

(2 Histoire du mariage des prétres, ch. IX.

(3) Lanfrey, Histoire de Napoléon 1er, t. II, ch. VIT, et Ernest Hamel, Hist. de la République, ch. XI.

(%) La Révolution, &. I, p, 291.