Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
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intronisé dans le domaine religieux le principe de l’association libre et volontaire qu'elle a proclamé comme la loi du monde politique; elle a reconnu à chaque Église le droit de se constituer elle-même sans demander à l’État son passeport; elle à maintenu à l’État son droit de police générale, en le restreignant à un pouvoir de protection des droits de tous, et elle a assuré l'indépendance de l'État vis-à-vis de toutes les confessions religieuses, en séparant exactement leur sphère d'action. Elle a, en un mot, proclamé et organisé la liberté de conscience ; elle Pa reconnue toujours, sans hésitation, sans réticence, elle l’a réalisée en l'an IL. »
Réalisée à ce point que, comme le constate Lanfrey (1), la vieille Église dominante et persécutrice, « l'Église catholique, était résignée, quand Bonaparte vint réveiller en elle des ambitions endormies sinon éteintes. » La Vendée était apaisée, et les prêtres non assermentés s’estimaient trop heureux de pouvoir redire la messe dans leurs églises dévastées. Luthériens et calvinistes pouvaient essayer, dans leurs temples rouverts, la pacifique revanche de la Révocation de l’Édit de Nantes. L’un des membres du Directoire exécutif, La Réveillière-Lepaux, fondait une sorte de religion philosophique, la Théophilanthropie, se donnant pour but « d’attacher les citoyens à leurs devoirs domestiques et sociaux, d'asseoir la concorde à leurs foyers et de faire triompher parmi eux l’universelle tolérance (2). » La plus nombreuse des confessions affranchies, l’Église gallicane, formée du clergé constitutionnel de 1790, après avoir offert la réconciliation aux réfractaires, en son premier concile de 1797, loin de réclamer dans la République la place officielle dont elle était tombée, se déclarait satisfaite de la liberté sans salaire.
(1) Histoire de Napoléon 1°r, t. IT, p. 349. (2) Ernest Hamel 1, p. 285,