Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

96 LES CAHIERS DES CURÉS

Cependant le Parlement de Grenoble était libéral. Sur l'instance obstinée des « congruistes », il leur accorda en 1779, la permission de s'assembler, mais uniquement pour arrèler entre eux les termes d'une requête relativement à l'insuffisance de leur salaire.

Au bout de six ans de députations aux ministres, de réclamations sous toutes les formes, les curés obtinrent un soulagement provisoire. Leur « portion congrue » fut portée à 700 livres, celle des vicaires à 350, et la Déclaration royale de 1786 indiqua qu'une amélioration plus considérable pourrait être réalisée par l'union de bénéfices simples aux cures.

Les pasteurs Dauphinois voulaient prouver l'inefficacité de ce procédé, déjà reconnue dans l'Édit de 1768, et expliquer l'insuffisance du supplément de pension arraché aux bénéfices. Les plaintes de leurs confrères de diverses provinces venaient se joindre aux leurs. L'Assemblée générale du clergé aristocratique, en 1780, entreprit d'écraser ce commencement de révolte du prolétariat elérical. Elle obtint une solennelle déclaration du roi, en date du 9 mars 1782, défendant aux curés de tout le royaume de former entre eux aucune réunion ou ligue, « de prendre des délibérations. « sans avoir obtenu une autorisation expresse ». Toutes les influences de cour et (oute l'action des évêques sur les in{endants furent employées afin de rechercher, dissoudre et punir les syndicats de curés (1).

Mais, lorsque le roi, à court d'argent, « daigna se rapprocher de la nation, » — comme le Journal de Paris l'annonçait par ordre, à la fin de 1786, — une mystérieuse brochure parut : Le vœu de la raison pour les paroisses, les

(1) Les faits qui précèdent sont tirés du préambule du Cahier des curés du Dauphiné, in-$° de XVI — 208 pages, Bibliothèque nationale, Le? 63,