Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

LES COMPLOTS DE SAUMUR : LE GÉNÉRAL BERTON 204

teurs et moi, dans quelque rang qu'ils soient placés, nous dire sans compliment ce que, depuis trente-trois ans, nous avons eu mutuellement à nous reprocher (1). » La demande d'enquête fut combattue par le président du Conseil. M. de Villèle déclara que le meilleur moyen d'arriver à la vérité était de laisser libre cours à l’action de la justice, ajoutant que les députés qui se plaignaient se trouveraient justifiés en n'étant l’objet d'aucunes poursuites. Aussi bien, le gouvernement n'y tenaitguère. Dans cette affaire, comme dans celle de Belfort, comme dans celle du 19 août, il craignait de rencontrer de trop hautes responsabilités. L’enquête fut repoussée par la droite, et la clôture prononcée au milieu d’un effroyable tumulte (2). La publication de l'acte d’accusation précéda de plus de trois semaines les débats du procès Berton (3). (1) Mémoires de Lafayette, t. vi. (2) Un incident de cette séance, qui passa inaperçu, aurait pu amener les plus graves conséquences. Dans la discussion, et suivant le refrain de la gauche, un membre s'était écrié: «C'est ce scélérat de Grandménil qui a joué le rôle de provocateur! » Or, Grandménil, poursuivi par la police; était dans les tribunes. Il voulut se jeter dans la salle, faire un éclat, se justifier. On eut beaucoup de peine à le retenir. Il dut se condamner au silence, comme Nantil, l’année précédente, On rendit justice plus tard à son innocence el à sa loyauté(18/0), mais le soupçon pesa longlemps sur lui. On en voit la preuve

‘dans Lacretelle, dont le t. nx est de 1835. (3) Avec les documents des Archives, le Moniteur et les i