Les complots militaires sous la Restauration, d'après les documents des archives

208 LES COMPLOTS MILITAIRES

pourvoi des quatre autres fut rejeté. La nouvelle en arriva, le 5, de grand matin. Elle fut aussitôt communiquée à Berton et à Caffé, dont l'exécution devait avoir lieu à Poitiers. Caffé se donna la mort en s’ouvrant l'artère crurale avec un canif qu'il avait pu se procurer. Berton fut conduit à l’échafaud vers midi,

« À onze heures, disent les journaux du temps, l’exécuteur arriva, et coupa le collet de son habit. « Ne pouviez-vous vous contenter de le rabattre ? » lui dit-il. On le fit ensuite passer dans une pièce où l’attendaient deux missionnaires. « Dispensez-vous de m'accompagner, Messieurs, leur dit-il; Je sais aussi bien que vous tout ce que vous pouvez me dire. » Lorsqu'il monta dans la charrette qui devait l’emmener, les deux missionnaires l’y suivirent et se placèrent l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Comme il avait les mains attachées derrière le dos, il pria l’exécuteur de se mettre derrière lui de peur qu'un fort cahot ne le fit tomber. Durant la marche, Berton promenait autour de lui des regards calmes et assurés. Arrivé au pied de l’échafaud, il en monta les marches avec fermeté. Les deux missionnaires l'y suivirent, et comme ils persistaient à lui parler, il leur dit : « laissez-moi tranquille! » Puis il cria d’une voix forte : Vive la France, vive la liberté! Étendu sur la planche fatale etla tête sous le couteau, il fit

entendre ce nouveau cri : Æncore une fois, vive la