Les derniers jours d'André Chénier

LES DERNMERS JOURS D'ANDRÉ CHÉNIER 293

la Feune Captive n'eut rien de commun avec la Yeure Tarentine.

Mile Aimée de Coïgny, à peine âgée de quinze ans, fut mariée au jeune duc de Fleury, qui avait un mois de moins qu'elle. Sitôt qu'elle fut mariée, présentée depuis quelques semaines à la cour, lajeune duchesse se fit applaudir de tous les honnêtes gens en enlevant le beau Lauzun à la marquise de Coigny, sa cousine et sa rivale. Cette amusante affaire de famille mit tous les rieurs du côté de la précoce maîtresse qui, dès 1 âge le plus tendre, débutait par cette conquête, et fixait, pour quelque temps, le caprice du plus volage des quadragénaires. Lauzun possédait alors à Montrouge une maison de campagne, une « folie », comme on disait alors, où l’on se réunissait, dans les dernières années de l’ancien régime, pour rire aux dépens de la loi, pour conspirer contre le roi, entre gens de bonne compagnie, qui prouvaient, une fois de plus, par leur exemple, que les traditions sociales et les institutions : politiques sont habituellement renversées par ceux qui sont chargés de les maïntenir.

Le jeune mari, qui avait grandi pendant tous ces événements, jugea qu’un voyage d'agrément était nécessaire à la récréation de sa femme. 11 l’emmenaen Italie. Là-bas, elle eut une aventureavec un Anglais, lord Malmesbury, et, en changeant de caprice, elle changea d'opinions politiques. Démocrate avec cet étonnant Lauzun, qui devait être bientôt le général Biron, servir la Convention contre les chouans, et, viveur impénitent, terminer sur l'échafaud, aæprès s'être fait servir une suprême douzaine d'huîtres, sa vie endiablée, elle reprit, grâce à l’mfluence de son lord anglais, des opinions tout autres, qui motivèrent son arrestation.

Nous avons le portrait de cette singulière petite femme. Peint en 1797, par À. Wertmüller, et appar-