Les états généraux en France

902 LES ÉTATS GÉNÉRAUX EN FRANCE,

ralion des droits pour tous les hommes, pour tous les pays, et servir ainsi d'exemple au monde. Que n’a-t-elle borré son ambition à faire des lois pour les Français de 1789 et à servir tout simplement d'exemple à l'assemblée prochaine! Nous aurions depuis longtemps l'égalité dans la liberté, tandis que, au milieu de l'égalité, nous poursuivons encore la liberté, incertains de savoir si nous l’atteindrons jamais,»

Eh! oui, c’est bien là notre histoire. En nous atlachant à poursuivre l'ombre, nous avons lâché la proie. La liberté venait à nous, et l'égalité aurait suivi. Dans notre empressement à conquérir l’égalité, nous avons manqué la liberté. Aller trop vite fut notre faute; rester en route fut notre châtiment. La révolution se faisait d’ellemême; elle était faite aux trois quarts, quand nous avons voulu la faire.

Alors, à quoi bon la faire? Oui, à quoi bon?

Peut-être y a-t-il une raison à en donner. Peut-être fallait-il que cette révolution, qui, bien qu’accomplie depuis plus de quatre-vingts ans, dure encore, — celte révolution, dont personne ne peut prévoir la fin, et qui, de l’'émeute à la dictature et de la dictature à l’émeute, promène notre vieillesse fatiguée, — intervint pour nous apprendre deux choses :

La première, c’est que l'homme s’égare lorsqu’au lieu de se contenter de chercher ici-bas le bien relatif, il se met, être borné et contingent, à la poursuite de l'idéal, du permanent, de l’universel, de l’absolu ;

La seconde, c’est que les pouvoirs sans contrôle, surtout s'ils ont longtemps duré, ne se réforment ni quand ils veulent ni comme ils veulent ; c’est qu’en dépit de la doctrine autoritaire, ils ne sont bons qu'à mener les peuples à la révolution, qui, elle-même, ne les mène point à la liberté.

L'Angleterre a, comme d’autres, accompli sa révolution. Son bonheur et aussi son honneur est de n’avoir pas chez elle, comme nous l'avons chez nous, la révolution en permanence. Elle ne préconise pas l’état de révolte ; elle ne glorifie point l'esprit révoluiionnaire,

! Cette citation est extraite d'un article intitulé : le Serment du Jeu de paume, publié dans les Francs Propos, recueil qui a paru à Metz, en 1864, époque à laquelle paraïissaient à Nancy les Varia.

Cet article, qui fut remarqué à l’époque de sa publication, n’est pas signé ; mais les lecteurs du Correspondant nous sauront gré de leur en rappeler l’auteur, en le leur faisant connaître. C’est un homme qu'ils ont aimé et qu'ils regrettent ; homme d'un grand esprit et d’un grand cœur, sans préjugés et, sans flatteries pour le passé non plus que pour le présent ; libéral autant que personne ; avec cela résolüment et intelligemment conservateur; un de ces hommes comme nous en ayons trop perdu et comme il nous en faudrait tant : Alexandre de Metz-Noblat.