Les fêtes et les chants de la révolution française

L'ART RÉPUBLICAIN EN L'AN II. 173

nationale de Paris est chargé de cette opération. Le 16, une autre compagnie de musiciens est formée pour l’armée du Nord. Plusieurs des artistes qui la composent sont désignés nominativement, parmi lesquels Persuis, futur directeur de l'Opéra.

Cette activité prodigieuse, excessive, qui, si les destins eussent permis de réaliser les projets qu’elle comportait, eût nécessité un effort artistique représentant la production normale de toute une génération, n’effrayait pas les chefs du gouvernement, convaincus que rien n’est impossible à l'énergie républicaine. Et, s’il faut peut-être nous féliciter que la plupart de ces projets artistiques du Comité de Salut public n’aient pu aller jusqu’à l'exécution (laquelle eût certainement été hâtive et n’eût point répondu à l'attente), du moins ‘ ne peut-on s'empêcher d'admirer l'idée, l'illusion, si l'on préfère, qui avait présidé à cette conception : elle était noble et grande.

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Ces tendances étant connues, l’on ne s’étonnera pas que le Comité ait voulu présider lui-même à l'organisation de la grande fête annuelle, celle du 14 juillet.

Et, comme cette fêté fut essentiellement musicale, il s'ensuit que nous allons voir Carnot, Saint-Just, Couthon, Barère (à défaut de Robespierre, à ce moment retiré sous sa tente), se transformer en directeurs de musique, se prononçant sur les mérites des œuvres, rédigeant des programmes de concerts. Bien qu’à partir d'à présent nous n’ayons plus l'intention de nous étendre sur la description des fêtes autant que nous l'avons fait pour les premières années, celle-ci offre trop de détails curieux et révèle des mœurs trop caractéris-