Les fêtes et les chants de la révolution française

PRÉFACE. XXIII

écoutée d'abord dans un silence glacé : le titre seul avait suffi pour mettre le public en défiance. Mais quand, peu avant la fin, une trompette, par allusion au rôle national du poète tit retentir sur un ton aigu les premières mesures de la Marseillaise, c'en fut trop, et l'accueil final prouva à l'auteur qu'on aurait peine à lui pardonner une pareille inconvenance! Ah! s'il avait pris pour thème Dies iræ! ou Tantum ergo! ou Lauda Sion Php,

Pendant le siège de Paris, César Franck, partageant les souffrances du peuple dont il n'avait pas voulu s'éloigner, lut un jour les paroles d’une sorte d’ode traduisant les mêmes angoisses patriotiques qu'il ressentait, et composa sur-le-champ la musique qu’elles lui inspirèrent. C'était le temps où il venait d'entreprendre la composition des Béatitudes; son chant à Paris en à le haut style, l’ardente et généreuse inspiration. Nous sommes bien, je pense, jusqu'à dix personnes à le connaître, et je ne crois pas qu'il en ait jamais existé plus de deux exemplaires, dont l'autographe. Mais la Procession est au répertoire de tous les concerts :

La foule, auprès d’un chêne antique, S'incline, en adorant, sous l’ostensoir mystique...

Je rappelais tout à l'heure l'existence de la musique composée par Mozart pour les cérémonies de la francmaconnerie, dont quelques pages sont des dernières qu’il ait écrites, contemporaines du Requiem. Le Requiem a, dès le premier jour, joui d’une illustration universelle. Mais qui connaît une note de la musique de Mozart pour les francs-maçons ?

Donc, il est entendu que la musique religieuse jouit à bon droit de l'hospitalité des églises et des concerts. La musique nationale, que nous avons vue dès l’abord chassée de ces derniers, aura-t-elle au moins la ressource de se produire dans son milieu naturel, les fêtes publiques? faut pas manquer d'appeler l'attention sur des intentions si rares, surtout quand elles sont réalisées avec une telle maitrise.