Les fêtes et les chants de la révolution française

202 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

pétition, couverte d'un grand nombre de signatures, à l’Assemblée constituante, pour que des honneurs analogues fussent rendus à Rousseau. Déjà, le 21 décembre 1190, l’Assemblée avait décidé qu'une statue serait élevée à l’auteur d'Émile et du Contrat social: le 26 août 1791, elle décréta que les honneurs décernés aux grands hommes seraient rendus à Rousseau. Enfin, ce décret élant resté trois années sans être mis à exécution, la Convention, le 25 germinal an IL (14 avril 1794), après avoir reçu à sa barre Thérèse Levasseur, décréta la translation des cendres de Rousseau au Panthéon. C'était l'époque de l'influence régnante de Robespierre, qui eût été heureux, sans doute, de présider à la cérémonie: mais il ne lui fut pas donné de vivre jusque-là. Après le 9 thermidor, Lakanal présenta un dernier rapport, à la suite duquel la Convention fixa une date définitive, le 20 vendémiaire an III (11 octobre 1794).

Si cette fête ne suscita pas tout l'enthousiasme qu'elle eût soulevé quelques années plus tôt, c’est d’abord que, comme spectacle, elle n'avait plus l'attrait de la nouveauté, car le peuple était bien las de toutes manifestations, quelles qu’elles fussent. Elle n’en fut pas moins intéressante, et d’un caractère très particulier.

L'on avait eu l’idée de construire au milieu du grand bassin des Tuileries une petite île (pourquoi non? on avait bien bâti une montagne au Champ de Mars). Cette île, imitant celle d'Ermenonville où jusqu'alors avaient reposé les restes du philosophe, était plantée d'arbres, couverte de verdure : un mausolée y était figuré, ombragé d’un haut peuplier. Et, le corps de JeanJacques étant arrivé l’avant-veille de la cérémonie, on l'y déposa, sous la garde du peuple, à qui ce jouet semblait donner de rafraîchissantes impressions de nature.