Les fêtes et les chants de la révolution française

* pu 9 THERMIDOR AU 18 BRUMAIRE. 263

La journée entière conserva ce caractère rustique et pastoral. | Le .

Le matin du 20 vendémiaire, la Convention étant en séance; l'Institut national fut introduit dans la salle. Il préluda en exécutant les airs du Devin du Village « Dans ma cabane obscure, — Jai perdu tout mon bonheur », la romance « Je l'ai planté, je l'ai vu naître », mélodies dont les accents rappelaient, dit le Monileur, « les talents et l'âme sensible de l’auteur d’Héloïse ». A cette musique naïve, si différente de la « musique à coups de canon » à laquelle les fètes républicaines avaient habitué les oreilles populaires, l’Institut fit succéder un hymne : car on pense bien qu'il n'était pas possible de rompre absolument avec les habitudes du temps présent; quoique Rousseau ait fourni lui-même la plus grande part de la musique pour la journée, Gossec ne pouvait pas négliger de chanter ses vertus, comme il avait fait pour Voltaire Il reprit donc la plume en son honneur et écrivit un Hymne à Jean-Jacques Rousseau, sur la composition duquel, chose rare, nous sommes renseignés par une lettre de lui : j'en ai l’original sous les yeux, et y transcris ces premières lignes :

Paris, ce 17 vendémiaire, an 3e

Citoyen mon collaborateur !, je suis aussi malade d'une fluxion aux dents qui me tient depuis huit jours et qui m’oblige d’avoir la tète enveloppée de linge et de coton, et de garder par conséquent la maison; malgré cela il m’a fallu composer la fète pour J.-J. Rousseau qui aura lieu décadi prochain au Jardin national et de là au Panthéon. Pour cette fête il m’a fallu passer encore trois nuits et cela provient de ce que les poètes sont toujours en relard ainsi que les arrètés et ordres des autorités constituées.

Ces derniers mots évoquaient le souvenir des bousculades de l’Étre suprême : Gossec ne l’avait pas oublié!

1. Le poète Coupigny, auteur de plusieurs hymnes mis en musique par Gossec, Dalayrac, Lefevre, etc.