Les fêtes et les chants de la révolution française

XXVIII PRÉFACE.

Tout le monde, à toute époque, l’a senti ainsi : depuis les Grecs, au rapport de Plutarque (cité, comme nous venons de le voir, par Jean-Jacques Rousseau) jusqu'à ceux de nos contemporains qui font le rêve hardi et encore irréalisé de fondre en un prestigieux ensemble les voix du peuple entier chantant l'hymne « A la Joie » de Beethoven.

Émile Zola, qui a écrit par avance le roman de la Cité future, en est d'accord : il sait la place qui doit revenir à la musique dans les fêtes dont il imagine la FSC PRE et il la lui concède largement :

« Il est bon, déclare-t-il, que les peuples aient de grandes réjouissances; la vie publique a besoin de nombreux jours de beauté, de joie et d’exaltation. »

Il montre donc les noces, unissant les enfants des anciennes classes abolies, célébrées au son des accords :

« Et tout de suite les chants commencèrent, des chœurs où les voix se répondaient, où les vieillards chantaient leur repos bien gagné, les hommes l'effort vainqueur de leur travail, les femmes la douceur secourable de leur tendresse, les enfants l’allégresse confiante de leur espoir. Puis il y eut les danses, toute une population en joie, une grande ronde finale qui mit ce petit peuple fraternel la main

je crois le voir encore, le visage déjà marqué du mal affreux qui devait l'emporter, préchant avec douceur le besoin qu’il y a pour les hommes de se réunir fraternellement afin de se réjouir, se réconforter en commun au profit d’une active foi en l’œuvre de tous... Et dans une lettre à M. Ch. Morice, son fidèle collaborateur et biographe (document d’une véritable valeur testamentaire, car il lécrivait une semaine avant sa mort), il traçait ces paroles, pour répondre à une proposition de célébrer une fête en l'honneur de Jean-Jacques Rousseau :

« Les grands hommes sont les thèmes et les raisons, les vrais objets des fêtes humaines.

« Rappeler à la vénération des hommes le souvenir de ceux qui leur apprirent à vivre, les opposer aux autres, à ceux qui ne leur ont enseigné, pendant tant de siècles, que les multiples façons de donner et de recevoir la mort, me paraît un devoir essentiel.

« Les catastrophes naturelles et les menaces continuelles de la violence nous disent combien il importe de cultiver la sensibilité et la fraternité humaines. »

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