Les fêtes et les chants de la révolution française

DU 9 THERMIDOR AU {8 BRUMAIRE. 225

tion qu’on ait vue au Champ de Mars, et en France. Il y eut, pour la proclamation des plus méritants, une cérémonie dans laquelle l'orchestre et les chœurs du Conservatoire jouèrent leur rôle coutumier, exécutant Ça ira pendant que, par une réminiscence des fèles robespierristes, on brûlait les effigies du Despotisme et du Fanatisme. Parmi les exposants récompensés, il faut citer les frères Érard, pour leurs perfectionnements apportés à la harpe; et, parmi les musicièns mentionnés dans la proclamation des meilleurs ouvrages de l'esprit, Cherubini, Lesueur, Martini, Monsigny. Le jeune Horace Vernet obtint un double succès, comme peintre et comme cavalier : il fut classé second à la course. Enfin l’on entendit quelque musique, notamment un nouveau Chant du 1 Vendémiaire, de Martini, fort banal. Un détail suffira pour nous édifier sur la manière dont ce compositeur comprenait son rôle : voulant dépeindre un tumulte populaire, il ne se donna pas la peine d'en composer la partition, mais se borna à indiquer en grosses notes l’harmonie fondamentale, après quoi il écrivit :

« Chaque exécutant prélude à volonté sur l’accord parfait d'u pendant ces seize mesures, à commencer par la première note et en finissant par la dernière note écrite, pour produire une fanfare. »

Voilà qui est vraiment d'un art facile! Qu'avait-on donc à faire d'appeler un étranger comme était ce Bavarois italianisé, — de son vrai nom Schwarzendorf, dit Martini — pour célébrer les plus intimes souvenirs de la France républicaine? Ancien maître de chapelle du comte d'Artois et surintendant de la musique du roi, l’auteur de l’'Amoureux de Quinze Ans et de Plaisir d'amour était vraiment trop peu fait pour cela!

La fête officielle du même jour, célébrée comme de

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