Les fêtes et les chants de la révolution française

LE CONSULAT, FIN DES FÊTES NATIONALES. 245

étrangers étaient admis à prendre part aux exécutions des fêtes nationales: à ce trait nous reconnaissons l'influence du vainqueur d'Italie. Ce qu’ils chantèrent, nous l'ignorons; le Moniteur se borne à mentionner « deux chants de triomphe pour la délivrance de j'Italie » sans désigner ces morceaux d'une manière plus explicite : sans doute de hâtives improvisations de quelque Paisiello: nulle trace n’en a survécu.

Après cette introduction à la cérémonie musicale, le ministre de l'Intérieur, qui n'était autre que le frère du premier consul, Lucien Bonaparte, prononça le discours d'usage.

Enfin, l'heure vint de la grande musique : Méhul eva la main et l'exécution de son « Chant national à trois chœurs » commença.

Dès le premier moment, le publie se sentit entraîné, soulevé par une sensation inconnue. Sur un mouvement large et solennel, les deux chœurs et les deux orchestres de la nef préludèrent par de puissantes harmonies, renvoyées alternativement de l’un à l’autre. Comme un écho céleste, les voix de la coupole répondaient. Ainsi les auditeurs se trouvaient pris entre ces divers foyers sonores, dont les ondes se croisaient autour d'eux, s’enchevétrant, se combinant, se fondant en un prestigieux ensemble. « On ne peut rendre, disait un compte rendu, l'étonnement qu'a manifesté l'assemblée lorsqu'elle a entendu les orchestres se répondre. C'est la première fois que l'on ose essayer un concert où se trouvent trois orchestres à une si grande distance. Il est difficile d'en décrire l'effet; mais ce moyen hardi peut avoir des résultats utiles à l’art. »

La tentative était en effet nouvelle, du moins en France, et n'avait encore été réalisée nulle part avec un pareil déploiement de ressources musicales.