Les fêtes et les chants de la révolution française

282 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

d’abord : « Dieu, protège la France, protège ses héros »: mais bientôt, voulant exprimer le sentiment qui était, avec le sien propre, celui de la généralité des Français à cette époque, le compositeur modifie ces derniers mots : au lieu de « Protège ses héros », il fait chanter : « Conserve son héros ». Et les voix se fondent en des accords de plus en plus doux, avec un accent convaincu, vraiment intime, et s’achèvent, divisées à l'infini, par un pianissimo indiqué par quatre p : un murmure, une extase..…. J'avais trouvé tout à l'heure une phrase de Meyerbeer:; à ce dernier trait, qui hésitera à reconnaître Berlioz?

Le finale est, conformément aux usages lyriques de la Révolution, un serment, où tous les chœurs, orchestre et solistes sont naturellement utilisés. Malheureusement ce morceau est, de toute l’œuvre, celui qui a été conservé le plus incomplètement. Par ce qui reste, nous voyons qu'au début les parties sont très éparpillées et dialoguent en prononçant à tour de rôle leur formule, à laquelle répond chaque fois l’ensemble de toutes les voix disant : « Nous le jurons! » Le style musical semble se rapprocher de celui des ordinaires finales d’oratorios, dont celui de la Création reste le type consacré.

III

Ces deux œuvres de Méhul et de Lesueur, derniers et superbes échos de l'inspiration révolutionnaire, sont deux monuments isolés, mais grandioses, du temps où ils ont été conçus. Ils forment une conclusion magnifique au monument lyrique édifié pendant dix années par le génie des hommes de la Révolution.

En effet, ces traditions de l'esprit républicain étaient près de leur fin. La légende thermidorienne leur avait