Les fêtes et les chants de la révolution française

294 APPENDICE.

intentions différentes. Tout l'effort du dernier moment s'étant porté sur la composition et l'exécution du petit. chœur, le grand chœur en subit les conséquences.

Cette conclusion est confirmée par un dernier détail tiré du compte des frais de « gravure et impression » d’une part, « copie de musique vocale » d'autre part de « l'Hymne à l'Ëtre suprême par Chénier » : 126 fr. 16 pour le premier article, 220 fr. 08 pour le deuxième, savoir : « 1102 pages de copie de musique vocale ». Or ces chiffres sont très peu de chose proportionnellement à l'importance de l’œuvre. Des parties vocales restant de ce matériel, celles sur les paroles de Chénier ont l’une 9 pages, l’autre 10 : en prenant pour moyenne neuf pages et demie, 1102 pages font exactement 116 parties. Celles sur les paroles de Desorgues sont plus courtes, 6 pages seulement. Mais toutes celles qui portent les paroles de Chénier furent perdues : il ne resta d’utile que celles qui, copiées postérieurement, portent les paroles de Desorgues !. En outre, les parties d'orchestre aussi furent copiées : celles, qui nous sont restées ont de 9 à 10 pages (seules les trompettes en-ont cinq). Il est vrai que le compte ne parle que de musique vocale : mais il est énoncé de façon si sommaire que, comme nous ne trouvons aucune trace d’un autre compte où seraient comprises les parties instrumentales, nous sommes autorisés à penser que celles-ci entrent dans le compte général. Bref, 1102 pages, dont un assez grand nombre resté inutilisé, cela représente le matériel d'une exécution très ordinaire, fort au-dessous de celle à laquelle coopéra l’imposant corps de musique de la fête de l'ELrE suprême. Donc, ce matériel est incomplet, — el s'il fut incomplet, c'est parce que le temps manqua pour terminer un si gros travail remis sur le métier au dernier moment, alors que d’autres nécessités, également impré-

4. Il eût été naturel que les parties copiées avec les paroles a Chénier fussent utilisées avec celles de Desorgues, qu'il eût suffi d'écrire à la place des premières, en effacant celles-ci. Mais | état du matériel nous montre que cela ne fut pas fait, et que Jes parties avec les paroles de Desorgues et celles avec les paroles de Chénier sont entièrement distinctes.

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