Les fêtes et les chants de la révolution française

PRÉFACE

I

« Le caractère de 1791, c'est que les partis y deviennent des religions. »

Ainsi dit Michelet, le grand voyant qui sut pénétrer avec une si puissante intuition au fond de l’âme de la France. L'observation pourrait être étendue à l’époque tout entière. Ce souffle religieux qui s’éleva à l'aurore de la Révolution, au jour des premières luttes et des premiers dangers, grandit à mesure que se poursuivait la marche implacable des choses, et ne retomba plus avant que l’active période du combat fût définitivement révolue.

A la nation livrée à elle-même en une telle épreuve il fallait une foi. Or, les croyances des aïeux avaient été si fortement ébranlées qu'elles n’avaient plus la puissance de soutenir les âmes. Mais quelle idée plus pure et plus noble pouvait les remplacer si ce n’est celle pour laquelle coulait généreusement un sang fraternel? Liberté, Patrie, voilà les dieux que la Révolution adore. Elle leur élève des temples, des statues : elle leur chante des hymnes. La Patrie a son autel, devant lequel la France entière vient se consacrer par serment. Le respect des lois proclamées par la nation devient un culte; les principes sont des arti