Les hommes de la Révolution
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une commune et ultime entreprise de libération, des individus venus de tous les coins de l'horizon républicain, Babeuf, dont les doctrines désormais impérissables avaient manqué bouleverser la vieille société et constituaient un danger permanent, Babeuf devenait en quelque sorte un bouc émissaire. C'était lui qu’il fallait, non seulement tuer, mais surtout avilir; c'était lui qu'il fallait perdre avant tout dans l'esprit du peuple et présenter comme un bandit à la postérité.
On sait avec quelle opiniâtreté et quelle habi_leté les réactionnaires de droite et de gauche ont travesti l'histoire de cet homme et quels outrages ils ont accumulés sur sa mémoire.
Babeuf, sans rien dire, imitait son exemple et s’enfonçait dans le corps un fil d’archal aiguisé.
Il tombe mourant.
Un sentiment d'admiration pour les suicidés et d’horreur Do lés ppt ee se répand dans toute l’assemblée.» F5 ii
D'autre part, fer one Charles Nodier, dans ses Souvenirs, raconte ainsi la scène:
Au moment où la sentence fut prononcée, une Éaion muette se remarqua sur la partie des banquettes où les condamnés étaient assis. Réal y était placé sur une banquette intermédiaire, au-dessus de Darthé, qu'il avait un peu à sa gauche, au-dessous de Babeuf, qui le dominaït, au contraire, à sa droite. Darthé venait de tomber en arrière, la tête appuyée sur les genoux de son défenseur qui s’empressait de le soutenir, pendant que Babeuf tombait à son tour sur son épaule. Il n'eut pas le temps d'attribuer cette double défaillance à la terreur; le sang qui l'inondait lui en révélait le mystère et dans le même instant deux poinçons qui en étaient abreuvés roulaient sur les degrés. »
Ainsi l'un dit stylet, l’autre poinçon, un troisième poignard. Il n’est pas facile d'écrire l’histoire,